La guerre du Golfe 2
(lundi 3 mars 2003)
J'étais en Indonésie l'année où Chirac avait eu la bonne idée de relancer le programme d'essais nucléaires français dans le Pacifique. Je me souviens comme il était difficile de se justifier auprès des gens de là-bas, en particulier des Australiens de rencontre sur l'air de : "Je suis Français mais je n'approuve pas la politique de notre président." Certains portaient des T-shirts anti-franco-atomiques.Je n'osais plus parler par crainte d'être interpellé et devoir expliquer en mauvais anglais que les Français n'étaient pas tous des adeptes de la fission nucléaire.
Je pense aujourd'hui à mes amis américains, otages des menées bellicistes de Bush, aux campagnes de presse diffamatoires, au flux tendu du patriotisme révisionniste. Plus jamais ça, se disait-on en regardant les images d'archives de la dernière guerre mondiale, avant que des imbéciles deviennent maîtres du monde.
On excusait volontiers la naïveté de nos parents face à l'invention de la propagande massive. Et nous voilà aujourd'hui, le regard plâtré par les mêmes aveuglements, traités comme des mammifères d'élevage, comme des serfs du Moyen-Age. La Guerre du Golfe 2. Voir que la Maison-Blanche utilise les mêmes recettes que l'industrie hollywoodienne pour renflouer ses caisses, c'est triste à mourir de rire.
Quel étonnant début de tournée ! Entre prémices de guerre et grève d'intermittents du spectacle, faire rêver les gens, se donner corps et âme à la fugacité d'un concert, soir par soir, chanter nos soucis pour mieux les combattre, décoller de la glu dans laquelle le sentiment d'impuissance voudrait nous figer. Et pourtant, deux cent mille soldats autour de l'Irak contre dix millions de pacifistes dans les rues du monde, y'a pas photo.
Prendre du champ, le champ de l'Histoire et trouver cette époque passionnante. C'est notre salut. Le futur est dans nos têtes. Il ne doit pas être commandé que par l'instinct de survie mais aussi par la raison d'être parce que nous avons raison d'être. Et pour se sortir du marasme au plus vite, il faut éteindre la télé, stopper son flot de rêves calamiteux. On vaut mieux que ce qu'elle pense de nous.
Allez, de l'effort !
Là, dans notre boîte crânienne, juste derrière nos yeux, il y a un outil fabuleux qui ne demande qu'à être bien utilisé. Nous nous en servons comme d'une voiture qu'on pousserait dans les montées et retiendrait dans les descentes, sans savoir qu'il y a un moteur pour la propulser.
Merde ! Où est la clé ? Je suis sûr que je l'avais en arrivant... au monde.