Concert de l'Homme de Mars
(mercredi 25 juin 2008)
Le concert de L'HOMME DE MARS restera l'un des plus beaux souvenirs de ma vie. C'est un événement marquant à bien des égards.
À cause du fait même que L'HOMME DE MARS est un concept musical, je n'osais pas l'envisager sur scène autrement qu'avec cuivres, orchestre à cordes et scénographie. Le projet, ambitieux à la base, se devait de le rester jusqu'au bout. Je craignais aussi de le dénaturer avec des arrangements moindres. C'était tout ou rien. C'était surtout quitte ou double. Je voulais tenter le tout pour le tout avant de faire la moindre concession artistique.
Et puis la promo a démarré. On m'a proposé des sessions live en télé et en radio avec une formation réduite. J'ai d'abord fait la moue. Après délibération avec Fred Pallem, j'ai accepté. On avait trop envie de jouer ces titres. Guitares, basse, batterie, claviers, trompette, trombone et cor, avec ça on était armé pour faire du bon boulot. Dès la première radio, j'ai compris qu'on tenait quelque chose de puissant, que L'HOMME DE MARS pouvait s'envisager en petite escadrille serrée et garder toute sa force et ses couleurs.
Vous qui aimez la musique et les concerts ne pouvez pas soupçonner un instant combien il est devenu ardu de se produire avec une telle formation quand on n'a aucun tube qui caracole sur les ondes. L'inconfiance règne. "Oui, c'est un très bel objet, les dessins sont terribles, la musique géniale, quel beau projet audacieux, bravo! Mais, pour la scène, pourquoi tu ne tournerais pas avec des bandes play-back?" Avant de se résoudre à une telle extrémité, ça vaut peut-être le coup de tenter un VRAI concert, non? C'est comme ça que fut lancé l'Européen. Sans pub, sans affiches, sans spots radio ni télé. On afficha complet une semaine avant le concert. On aurait pu en faire deux. Les invitations furent distribuées au compte-goutte. Des gens sont venus de Lille, de Lyon, de l'Est... Pour dire que ceux qui étaient présents ce soir-là ne se sont pas pointés par hasard ou par désœuvrement.
De notre côté, nous n'avons eu que deux jours pour répéter, mais l'orchestre est redoutable. Dans un jargon musical légèrement suranné, on appelle ce genre de musiciens des "épées". L'enjeu était de taille. Ce n'était pas un simple concert. Je voulais dans un premier temps jouer l'intégral de L'HOMME DE MARS d'une traite, sans temps mort, puis, si nous le méritions, conclure sur une poignée de standards revisités. Bettina Kee, Csaba Palotaï, Paul Melnotte, Fabrice Martinez, François Bonhomme et Daniel Zimmerman, sous la houlette de Fred Pallem, ont fait plus qu'assurer. À la dernière minute, j'ai décidé de projeter en fond de scène les images en couleurs du livre pour ponctuer le récit musical. Cyril Maisonneuve s'en est chargé. Il nous a aussi baigné dans des lumières belles et inspirées.
Dès les premiers instants, c'était gagné. On est partie pour une heure ininterrompue de musique. L'ambiance était magnifique, toute en tension et attention. Quand, à la fin de L'HOMME DE MARS, son vaisseau est reparti dans l'Espace, j'ai chanté quelques chansons en acoustique avant de faire revenir tout l'orchestre pour un final déluré où nous enchaînâmes TOUS LES MÔMES, J'AIME UN PAYS et DIS-MOI, EST-CE QUE TU M'AIMERAS dans des versions inédites. L'Européen s'est transformé en boîte de nuit. Enfin il y eut les rappels, des vrais, ceux où l'on vient vous chercher dans la loge de longues minutes après que la salle fut rallumée parce que le public, ben, il ne veut pas sortir!
Je ne peux que souhaiter qu'il y ait une suite à cela. Je suis loin d'être maître de toute la situation. Aussi, en parallèle à ce spectacle, histoire que les mois prochains ne soient pas ennuyeux comme une salle d'attente de l'ANPE, je vais partir sur les routes avec juste un compagnon de jeu. Armés de guitares diverses nous revisiterons L'HOMME DE MARS, mais aussi beaucoup, beaucoup, beaucoup d'autres chansons. Pour avoir testé la formule en exclusivité au Havre le 12 juin, je pense que nous nous préparons à de belles réjouissances.
PS : j'ai lu SPIN de Robert Charles Wilson (Albin Michel). C'est un roman formidable à tous les points de vue et qui déborde en beauté du cadre de la SF dans lequel il se présente. Ou du moins celle-ci retrouve-t-elle grâce à lui ses lettres de noblesse. De plus on y découvre aussi l'existence d'un homme de Mars.
Comme quoi il existe !