Au fil du temps

Le site, le web et myspace

Le site fait peau neuve. 7 ans qu'il existe. Il a grandi, s'est étoffé, mais sans évoluer vraiment. Sa mouture était fort complexe et lourde. Il est passé entre les mains de plusieurs webmasters qui ne retrouvaient plus les documents d'origine, perdus dans les mailles de la Toile. Il était temps de l'élaguer. Au lieu d'éclairer, il devenait obscur. On a aussi tous progressé et trouvé une manière de naviguer sur l'Internet qui a fini par s'imposer naturellement à la communauté des internautes. À l'instar de toutes les langues du monde. D'abord des grognements confus puis qui s'affinent et font des mots. Sur Internet, on ne perd plus son latin, peut-être son français par contre. C 1 pbleme jte jur, koa, C vrai. On ne sait toujours pas où cela va nous mener vraiment, mais on suit le mouvement en tendant le cou pour ne rien rater.
Il est sidérant d'y voir combien les rumeurs circulent mieux que les vérités et le commerce mieux que le savoir. Et ces millions de Narcisse qui livrent leurs états d'âme au vu et au su de tous sous le couvert de pseudonymes enfantins.

Poussé par le courant, j'ai ouvert une page Myspace. On m'a dit, "c'est là que ça se passe, c'est là que tout le monde est, tu dois y être". J'y suis. Je ne vois pas bien encore ce que ça m'apporte si ce n'est des "amis" automatiques et du temps volé à la création. Il est vrai qu'aujourd'hui, il est plus important de vendre ce que l'on va faire que de le faire vraiment. Je dois donc avoir en permanence un appareil photo numérique, une caméra et un ordinateur portable en main afin d'alimenter l'actu en flux continu par crainte que le public ne se désiste. Ne rien jeter non plus de mes croquis et de mes démos car ils sont devenus aussi précieux que le projet abouti. L'ennemi de la décennie n'est pas l'absence de culture ou d'information. Elles sont là, à portée de clic, en logorrhée permanente. Non, la bête noire, c'est la vitesse qui engendre l'impatience qui engendre la distraction. 3 secondes d'attente ? Trop long, je clique, au revoir. Le réflexe a pris la place de la réflexion.
Je n'ai pas de remède à cela ou bien je ne suis pas assez pédagogue. Cette année, j'ai eu 50 ans, l'âge où, lorsqu'on doute de la pensée en vogue, on sent s'inscrire "vieux con" sur son front. Alors on se tait ou bien l'on plaisante.
Il y aura un retour de bâton à cette glissade accélérée vers l'embouteillage, c'est inéluctable. Dans le meilleur des cas, une prise de conscience collective, un ras-le-bol salutaire de la génération à venir qui remettra tout à plat. Dans le pire, une réglementation autoritaire, la mise en place de polices des consciences. Les deux à la fois, peut-être… On le sent, ça frémit.

J'étais à Berlin cet été. J'étais bien. Comme à Barcelone. Pourquoi Paris est si chiant à vivre au quotidien? C'est un genre que sa population se donne?
J'avance sur "Planète Mars", le prochain disque qui sera un livre-disque. Je pars demain à Bath pour mixer les titres avec Tchad Blake. À mon retour, je rentre en studio avec les Tit'Nassels pour réaliser leur album. Avant la fin de l'année, je dois avoir fini les 74 pages dessinées de la partie livre de "Planète Mars". La sortie est prévue pour mars, évidemment. J'apprends à dilater le temps afin de tout mener à bien. C'est possible si je ne vais pas trop sur Myspace...