Vacances à Barcelone
(dimanche 29 aout 2004)
Où est l'utilité de prendre des vacances quand, comme moi, on ne fait pas un travail qui nous les brise, un boulot avec des horaires et des obligations qu'on nous impose ?
Quand on peut partir en voyage hors saison, loin des transhumances touristiques. Quand on ne peut pas commander à son cerveau de couper l'envie d'écrire, de ne plus avoir d'idées créatrices. Quand se vider la tête est la perspective la plus effrayante à imaginer.
L'utilité de prendre des vacances relève alors de la convivialité. Elle est un devoir envers les autres, les proches qui eux vivent à longueur d'année au rythme d'une vie sociale contraignante. C'est enfin le moment des retrouvailles, du temps perdu à rattraper, du temps consacré à des humains et non à des muses. Voir la vie autrement qu'au bout d'un stylo ou d'une guitare.
Les premiers jours de vacances sont toujours difficiles à vivre. Il faut se sevrer. On est comme un fumeur sans clope. De mauvais poil. On se cache pour griffonner des notes. On prétexte qu'on a mal quelque part pour esquiver une ballade et gratter furtivement quelques cordes. On se laisse distancer en chemin pour marmonner des fulgurances à son dictaphone. Et puis enfin, un matin, on se sent en phase avec les spécimens d'humanité qui nous entourent. Avec une certaine distance esthétique cependant, mais en phase. On glande, on flâne, on mange des glaces sans entendre une police cérébrale vous culpabiliser de vous la couler douce. J'aimerais revoir Paris avec des yeux de touriste. Faire la queue dans un musée sans me dire "je reviendrai quand il y aura moins de monde" et ne jamais revenir. M'asseoir dans les jardins du Luxembourg sans penser que le mien est à portée de scooter. Me faire prendre en photo sur le Pont-Neuf. M'intéresser à l'architecture des immeubles. J'aimerais voir à nouveau Paris comme j'ai vu Barcelone. Sans savoir où je mets les pieds. Marcher dans les rues, le nez au vent, sans chercher à éviter les endroits déplaisants. Les trouver plaisants. M'extasier devant la Tour Eiffel comme devant la Sagrada Familia. Gaudi manque à Paris. Gaudi manque partout dans le monde. Barcelone manque à Paris. Sauf les mimes de la Rambla.
J'ai vu Satan boire son café
Sur la Rambla de Barcelone
Seul à sa table les traits tirés
Alone
J'ai vu la fille d'un autre jour
Pleurer d'avoir été trop conne
Le regard raide et sans recours
Alone
J'ai vu par le balcon d'en face
14 indiens à tour de rôle
Dormir dans 3 lits à une place
Alone
Et dans le miroir du mois d'août
J'ai vu s'en venir 3 personnes
Heureuses d'être sans nul doute
Ensemble
C'est la rentrée. Je mixe le nouvel album à venir. J'en dirai plus long dans quelque temps.