Au fil du temps

Rencontres avant Berlin

(lundi 4 mai 2009)

 

J'écris cette newslettre du train qui m'emmène à Berlin. Nous entrons en gare de Mannheim. Je viens de quitter Jean Teulé sur le quai de Karlsruhe. Il se rend à Fribourg où il commence la tournée de promotion de son roman sur Montespan qui sort en Allemagne. Le hasard ferroviaire a eu la bonne idée de nous mettre dans le même train et la même voiture au départ de Paris-Est. Je n'avais pas vu Jean depuis de nombreuses années, alors qu'il travaillait encore à la télévision. C'était lors d'une émission dans le cadre du Printemps des Poètes. J'y étais venu réciter Baudelaire, un extrait des Fleurs du Mal, je crois. Jean est tout à la joie de son succès et de sa vie d'écrivain. Montespan est traduit en onze langues, ses livres sont adaptés au cinéma et en bandes dessinées. Il n'a plus l'âge de trouver cela normal ou, pire, de le prendre comme une étape convenue avant une reconnaissance plus grande qui lambine à venir. Il savoure cela comme on le fait d'un grand cru.
Il y a une semaine, j'étais chez Calogero en train de travailler à une nouvelle chanson qui sera sur l'album PANORAMA. Après cela, j'ai traversé Paris à pied pour rejoindre Agnès Jaoui avec qui je vais chanter PAROLES D'HOMME, toujours sur PANORAMA. Le soir suivant, à la Cigale, j'écoutais ravi Calogero attaquer L'EMBELLIE en ouverture de concert. Le lendemain, mercredi, je chantais au Moulin de Pontcey en Haute-Saône, devant les amis paysans qui m'ont inspiré la chanson TERRES DE FRANCE. J'y revis aussi Laurent Méthot du merveilleux Muséumotel où j'ai fait les photos qui ont accompagné L'HOMME DE MARS, le temps de sa promotion sur Terre. Jakko assurait ma première partie. Philippe Jakko pour qui Aldebert, Patrick Eudeline et moi-même écrivons des textes. Le jeudi, à Rennes, lors du festival Mythos, je retrouvais l'excellent Alexis HK et Yannick Jaulin, fabuleux conteur moderne. À peine rentré à Paris, j'allais applaudir Marc Fayet dans un Feydeau classique et néanmoins original de par sa mise en scène. À peine le temps de dormir une petite nuit et je posais devant l'objectif de Sylvain Gripoix pour la future pochette de PANORAMA. Enfin le dimanche, jour au ciel incertain, je réunissais Jil Caplan, Julie d'Aimé, Pierre Jaconelli et quelques proches pour le premier barbecue de la saison, juste avant mon départ en résidence à Berlin. N'allez pas croire que je me la pète en énumérant mes multiples rencontres. Ce n'est pas du nombre dont je suis fier, mais de leurs diversités. Dès que l'on casse les barrières, l'univers entre en expansion. À la planète Rock, la planète Chanson, la planète Rap et tutti quanti, je préférerai toujours le vaisseau spatial qui m'emmène de l'une à l'autre. Il en est de même avec les tribus, les nations et les drapeaux, les clochers, les minarets et les totems, les blondes, les brunes et les rousses, les villes, les campagnes et les mers, les inconnus, les amis et la solitude... Nomade.

 

 

La plupart des chansons de PANORAMA sont déjà enregistrées. J'achèverai l'album à mon retour d'Allemagne, en juillet. Il me reste entre autres à revisiter JE SUIS UN KILOMÈTRE avec Dominique A. Barbara Carlotti m'a déjà rejoint pour une tendre version de TOUS LES MÔMES, et Arthur H pour une BETSY PARTY jubilatoire. Comme je l'ai déjà annoncé, l'album a la couleur de la tournée PANORAMA qui a commencé l'automne dernier. Les anciennes et les nouvelles chansons sont interprétées simplement et d'un seul jet.

Les guitares sont à l'honneur. Si vous aviez vu la collection déballée lors des séances ! Mais vous le verrez dans les semaines à venir, tout cela a été filmé et photographié. PANORAMA est prévu pour octobre.

 

 

Je suis berlinois pour deux mois. Je suis en résidence dans la capitale allemande, invité par la Fondation Genshagen. Je vais faire des rencontres et lectures avec des étudiants, des ateliers d'écriture avec des lycéens, une exposition des planches de L'HOMME DE MARS, un concert à l'Institut Français et un travail croisé avec Markus Müller, un jeune photographe berlinois. Les jours vont passer vite, il me semble. Mark Haussmann qui accompagne habituellement Corinne Douarre sur scène sera à mes côtés lors du concert à l'Institut. Je suis très heureux de retrouver Berlin, de surcroît pour une si longue période.
Le train continue sa route. Nous avons dépassé Francfort, nous arrivons à Kassel-Wilhelmshöhe. Le temps est magnifique, l'après-midi touche à sa fin. Encore quelques heures avant d'entrer dans Berlin. Il est temps que je sorte mon guide de conversation pour quelques notions de politesse élémentaire.
Ich sage euch "Aufwiedersehen" und bis bald!

PS : à lire absolument par celles et ceux qui souhaitent être dérangés dans leurs convictions : DEMAIN, LES POST-HUMAINS de Jean-Michel Besnier.