Au fil du temps

Tunis, les Nits et les autres

(jeudi 9 mars 2006)

 

C'est en hiver de 2006
Que j'ai débarqué à Tunis
Le vague à l'âme le cœur en rade
Je fuyais les oiseaux malades
L'Europe entourée de clôtures
La pensée libre au pied du mur
Je me languissais des beaux jours
Où nos dieux avaient de l'humour
Pas le temps d'aller à Carthage
Ni d'arpenter la Médina
La musique peut être une cage
Mais y'a des jours où ça me va
La scène sera mon refuge
Quand les hommes me mettent en rage
La ciel peut verser son Déluge
J'ai des violons qui font barrage
Si l'hôtel est continental
C'est pour mieux parquer l'étranger
Moi j'ai l'âme internationale
Qu'est-ce que t'attends pour m'inviter ?
Je bois du thé au bar d'en bas
Café de Paris Africa
J'ai l'air com… plètement paumé
Qu'est-ce que t'attends pour m'inviter ?

Tunis, le 4 mars 2006
Kent

C'était un concert-rencontre avec des musiciens du cru. Les élèves de l'Institut Supérieur de Musique de Tunis, les Playback Boys et moi-même avons travaillé ardemment durant une semaine pour une unique soirée au théâtre "Le Quatrième Art".
C'était fou de jouer là-bas les chansons orientales de "Nouba". "La haine est là", auréolée de violons et de sombres percussions, a pris toute sa résonance.
Alors que je me refuse d'aller en concert ces temps-ci pour des questions d'isolement artistique, j'ai écouté le dernier Nits, "Les Nuits", et j'ai fait une entorse à ma discipline. Ils sont en pleine possession de leurs capacités, le concert qu'ils ont donné au Trianon était d'une élégance rare. L'élégance, aujourd'hui, n'est plus prise en compte que par les dandies et c'est dommage, il n'en reste souvent que l'outrance. Avec les Nits, elle redevient naturelle comme un cygne sur l'eau.

Les Tit'Nassels sont en train d'éclore. C'est le printemps, ne le manquez pas.

J'ai manqué "À l'origine", le dernier album de Benjamin Biolay, quand il est sorti. Parce que trop de disques sortent et que j'en aime déjà trop. J'ai laissé parlé mes a priori. Mea culpa, Benjamin. Je découvre aujourd'hui ta galette et je suis bouleversé.

Je n'aurais jamais imaginé que l'an 2000 naîtrait sous le signe de l'obscurantisme religieux, de la veulerie et de la peur. Le côté positif, c'est que l'on comprend mieux désormais la mécanique des pages noires de l'Histoire.

On se console comme on peut.