Au fil du temps

Intégrale et Bouquin 2

Sextidi 16 Messidor CCXXIII
(vendredi 3 juillet 2015)

 

La sortie de mon coffret coïncide plutôt bien avec l'engouement grandissant des Français pour le streaming. Vous qui me lisez et, par conséquent, utilisez internet, écoutez-vous peut-être déjà de la musique en streaming. Ou vous n'allez pas tarder à le faire puisqu'on vous rabâche que c'est le progrès (c'est juste) et que c'est gratuit (c'est inexact). Je me suis déjà épanché sur le sujet, voir ici et ici.

Cependant beaucoup d'entre vous restent attachés à l'objet que l'on tient dans la main, que l'on est sûr de posséder après l'avoir acquis. Ce n'est pas du vent ni du Cloud. C'est tactile.
J'aime aussi l'objet disque pour ces raisons-là, mais aussi parce qu'il contient des informations dont le streaming se contrefout. Qui a fait quoi et comment dans cette musique qui nous parle à l'oreille ? C'est important. La musique est un travail où le collectif compte beaucoup sur le résultat entendu.
C'est pourquoi j'ai participé ardemment à la réalisation de mon intégrale. Afin que les informations soient justes et complètes et mises en valeur. Aussi au design afin que le flacon ressemble à l'ivresse. Ce que n'offre guère les plateformes de streaming avec leurs pauvres photos d'identité sur fond d'environnement unitaire. Habillage minimum.
Le streaming, c'est la musique en pantacourt.

J'ai fait de la promo pour la sortie de l'intégrale et du livre. Hormis l'émission Bleu Blanc Schnock sur Ouï Fm qui a passé « West Side », les autres radios ont joué les titres connus de mes albums. Le coffret contient plus de soixante chansons rares et inédites (un CD entier est consacré à ces dernières), il me semblait notable de le signaler et évident d'en programmer. Autant de raretés, ce n'est pas rien. J'avais tort. Il faut que l'auditeur me reconnaisse, alors on passe les « tubes ».
On peut me sortir que si des chansons ont été mises de côté, c'est parce qu'elles ne sont pas réussies. Ce n'est pas aussi simpliste. Le choix des titres au moment de la réalisation d'un album dépend plus de la teneur dudit album, de son ambiance et de l'humeur de l'artiste que de la qualité des titres. On peut parfois se tromper dans la sélection – «Rest'là maloya» aurait mérité sa place dans l'album Je ne suis qu'une chanson, plutôt que «Le nez au vent». On peut en enregistrer pour le plaisir et ne pas savoir qu'en faire – «Mal à 15 ans» ou «Fausse route» avec les Nits ; ou le remix de «Betsy Party» par Léopard. On met de côté des bonnes choses que l'air du temps ou de nouvelles inspirations placardisent comme certaines amitiés qui n'ont plus rien à se dire, mais dont le souvenir exhale une nostalgie intègre.
Voilà en quoi les inédits et les raretés sont importants. C'est comme ça que j'ai découvert, aimé et repris «Avec élégance» de Jacques Brel dans Le temps des âmes, une chanson laissée pour compte de ses séances pour Les Marquises. Tout le contraire d'un rebut, une perle rare.

Bon été !

PS : si vous allez voir Vice Versa au cinéma avec des mômes, préparez-vous à un train de questions embarrassantes de leur part et ne vous étonnez pas de plus apprécier qu'eux le film. Bravo Pixar !

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